GARY CLARK Jr : This Land (2019)
En préambule, j’ai toujours eu des difficultés avec la musique de Gary Clark Jr. tant pour sa production discographique que par ses performances live. Et ce nouvel album ne pourra pas vraiment modifier cette approche. Pourtant il attaque par un titre fort et engagé, un manifeste anti-Trump où l’artiste chante «This land is mine» et son statut d’afro-américain dans le pays de Trump. Cela étant, on ne compte plus les musiciens engagés contre le peroxydé, et finalement ce positionnement n’a rien d’exceptionnel. Sinon, l’album s’éloigne encore et toujours plus du blues, pour proposer un mélange de rock, R & B, hip hop, soul, de reggae (sur le titre «Feeling Like A Million») et même de punk-rock avec «Gotta Get Something». On trouve un peu de blues, presque par hasard, sur «The Governor» et «Dirty Dishes Blues». Ce mélange de genre est particulièrement agaçant, comme si Clark cherchait à ratisser large louchant honteusement sur Marvin Gaye ou Curtis Mayfield («Feed the Babies») ou Prince dans «Pearl Cadillac». Certes, on peut voir le vide à moitié plein et estimer qu’il ne se limite pas à un seul style et qu’il prend des risques en approchant des genres différents. On remarque la présence des batteurs Brannen Temple et JJ Johnson, et du bassiste Mike Elizondo. Par contre la présence de Sheila E sur plusieurs titres devient au fil des écoutes un véritable supplice. L’album est long, trop long, dix-sept titres étalés sur soixante-douze minutes et c’est peut-être son principal défaut. Un album plus resserré, plus percutant en supprimant des chansons anecdotiques (combien seront interprétés en live ?) aurait été moins ennuyeux, car malheureusement c’est l’ennui qui domine sur la longueur. Finalement on peut comparer la carrière du Texan à celle d’Eric Clapton. Ils ont débuté par le blues, et les shows du jeune Gary à Austin étaient réputés, puis ont tenté de diversifier leur musique en puisant dans d’autres sources. Clapton, grâce au carton de son album Unplugged est revenu au blues avec Me & Mr Johnson et From the Craddle. On peut donc légitimement espérer dans quelques années un retour au blues de Clark Jr. En attendant pas grand-chose à se mettre sous la dent : «What About Us» et « This Land » donc deux chansons « à texte », «Pearl Cadillac» bien foutue, «Low Down Rolling Stone» pour son côté très sombre. Plus les deux chansons blues précités, cela ferait presque un album pas trop mal, le reste pouvant aller directement à la benne. A noter que le clip de la chanson titre est particulièrement réussi.
Michel Bertelle